Sans qu’ils soient des exilés proprement dits, contraints pour des raisons politiques, idéologiques ou religieuses de quitter leur matrie, les protagonistes (parents et enfants) des romans issus de l’immigration maghrébine vivent tous une douloureuse, voire parfois épuisante, expérience exilique. Loin de leur pays natal ou de la terre de leurs origines, ils s’y rapportent généralement de deux manières. D’un côté, il y a ceux qui restent fortement attachés à leur bled ou qui le portent dans leur cœur en tant qu’héritage inaltérable transmis par leurs géniteurs ; ils rêvent du (grand) retour, qu’ils réussissent à accomplir (parfois seulement après leur mort) ou non ; ils vénèrent tellement cette terre lointaine qu’ils finissent par ne plus prendre conscience du passage du temps et des transformations (voire altérations) que tout ce qui est resté sur place (objets, personnes) a subi. De l’autre côté, il y a ceux qui, pour des raisons différentes, veulent effacer leurs souvenirs, qui s’acharnent (à tout prix) à se détacher d’un passé orageux, d’un pays hostile (voire ennemi) auquel rien ne les relie plus, si ce n’est que le mépris, la crainte ou le dégoût. Pour illustrer ces deux possibles résolutions face à l’« exilience » - la blédophilie et la « blédophobie » -, nous nous appuyons sur les romans Méchamment berbère de Minna Sif (1997), Mohand, le harki de Hadjila Kemoum (2003), Kiffe kiffe demain de Faïza Guène (2004), Pieds-Blancs de Houda Rouane (2006) et Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène (2014).
Without being properly exiled, forced for political, ideological or religious reasons to leave their “matrie”, the protagonists (parents and children) of the novels from Maghrebian immigration all live a painful, sometimes exhausting, exile experience. Far from their home country or the land of their origin, they generally relate to it in two ways. On the one hand, there are those who remain strongly attached to their homeland or who carry it in their hearts as unalterable inheritance transmitted by their parents; they dream of the great return, which they succeed in accomplishing (sometimes only after their death) or not; they so venerate this distant land that they end up becoming unaware of the passing of time and the transformations (even alterations) that all that has remained there (objects, people) suffered. On the other hand, there are those who, for different reasons, want to erase their memories, who are striving (at all costs) to detach themselves from a stormy past, a hostile country (even enemy) to which nothing connects them except contempt, fear or disgust. To illustrate these two possible resolutions in the face of “exilience” - bledophilia and “bledophobia” - we rely on the novels Méchamment berbère by Minna Sif (1997), Mohand, le harki by Hadjila Kemoum (2003), Kiffe kiffe demain by Faïza Guène (2004), Pieds-Blancs by Houda Rouane (2006) and Un homme, ça ne pleure pas by Faïza Guène (2014).
Birincil Dil | Fransızca |
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Konular | Sanat ve Edebiyat |
Bölüm | Araştırma Makaleleri |
Yazarlar | |
Yayımlanma Tarihi | 25 Aralık 2019 |
Gönderilme Tarihi | 16 Eylül 2019 |
Yayımlandığı Sayı | Yıl 2019 Cilt: 29 Sayı: 2 |